Les nations Unies viennent de proclamer 2017, « Année internationale du tourisme durable pour le développement ». De nombreux vacanciers n’ont pas attendu cette résolution pour s’y mettre. Trois adeptes nous ont raconté avec passion ces missions du bout du monde. 

Les doigts de pieds en éventail sur une place, ça va bien deux minutes ! 

Partir en vacances mais leur donner du sens c’est aujourd’hui une craie tendance. Sur internet, nombreuses sont les agences qui proposent des séjours équitables, c’est-à-dire assurant des retombées économiques auprès de la populations, responsables, respectueux de l’environnement, et/ou solidaires. Si certaines agences reversent un pourcentage du prix du voyage aux associations locales, d’autres vont plus loin, en invitant le voyageur à s’impliquer sur place dans un projet de développement économique et/ou social qu’elles ont sélectionné.

Une démarche solidaire plus qu’humanitaire

Mais attentions, quelques jours seulement, l’idée étant de profiter (aussi) de ses vacances ! « il ne s’agit pas d’humanitaire » prévient Aurélien Seux, cofondateur de l’agence Double Sens, l’une des pionnières dans le secteur : « le voyage solidaire ne s’inscrit pas dans une aide d’urgence : il s’agit surtout de participer à des projets existants mis en place localement ». Et ça plaît. Preuve en est : en dix ans d’existence, l’agence a vu son nombre de clients passer de trente à …mille par an ! Pourquoi un tel engouement ? « La consommation équitable est une notion bien comprise aujourd’hui. Il n’est pas étonnant qu’elle se décline dans le secteur touristique. » De quoi joindre l’utile à l’agréable aussi sur son lieu de vacances. 

« Je ne pourrais plus partir autrement »

Je suis naturellement tournée vers les autres. C’est dire si les voyages solidaires sont faits pour moi…je suis déjà allée à trois reprises au Bénin, pour offrir un soutien en française à des enfants déscolarisés, et des cours d’informatique à des jeunes adultes. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce pays, dont la population est si attachante. Au Sri Lanka, j’ai participé à la création d’un potager dans une école, et au Cap Vert, j’ai aidé à repeindre des maisons de pêcheurs. Ce que j’adore dans ce type de voyage, c’est l’équilibre entre découverte du pays et travail sur place puisqu’on alterne visites, randos et coups de main. Sur le plan humain c’est exceptionnel. On vit avec des gens au jour le jour, ils partagent leurs repas avec nous, on échange sur nos cultures. J’admets que cette formule ne convient pas à tout le monde. Si on aime se prélasser sur la plage, autant éviter. Quoique…je conseille malgré tout d’essayer au moins une fois. Personnellement, je ne pourrais plus partir autrement !

Chantal, 47 ans.

« Humainement c’est très enrichissant »

Approcher une culture sans rencontrer les gens, c’est passer à côté de l’essentiel. On en apprend plus sur un pays en partageant le quotidien de sa population qu’en visitant ses lieux touristiques. J’ai toujours beaucoup voyagé, préférant les vacances un peu décalées en immersion. En août dernier, j’allais voyager seule pour la première fois, quand, en cherchant sur le net, je suis tombée sur un mix tentant : quinze jours au Vietnam, avec cinq autres personnes, dont une semaine dans un village pour y construire une chape de béton devant une maison. Un challenge de taille pour moi qui suis e en bricolage ! J’ai retiré de cette expérience quelque chose de très enrichissant malgré la barrière de la langue (le traducteur n’est pas toujours à vos côtés). Il y a bel et bien un langage universel : celui des émotions. La prochaine fois, je ne choisirai pas uniquement une destination, mais aussi une mission : trimbaler des brouettes sous 38°C n’a pas été une mince affaire ! 

Florence, 43 ans

« Même les enfants apprécient »

J’avais déjà entraîné mes trois enfants sur une croisière solidaire. Il y a cinq ans. L’idée, embarquer sur un bateau avec des jeunes en réinsertion. Nous en avons gardé un super souvenir. Puis, il y a deux ans, nous avons choisi le Cambodge. Avec quatre autres voyageurs, nous avions pour mission de créer une porcherie sur pilotis pour un village. Logés chez l’habitant, on y vivait comme au Moyen Age : pas de lumière, douche au seau…on a passé une semaine à travailler tout ensemble avant de découvrir le pays : une révélation !

Du coup, on a remis ça l’été dernier. Cette fois, direction l’Equateur.

Le matin, on aidait dans les champs : l’après-midi, on jouait les animateurs dans le centre de loisirs. Ces voyages offrent une vraie ouverture d’esprit. Pour les enfants, c’est génial. Cela les responsabilise. Ils vouent que dans d’autres pays, les plus jeunes aident leurs parents… Pour autant, personne n’a l’impression de travailler.

On le ressent comme un échange, une façon de s’intégrer. C’est ce que je réponds à ceux qui considèrent qu’on travaille déjà assez dans l’année. Et puis, ça reste cool ! Car, en dehors de notre mission, on se repose et on découvre aussi le pays. Il faut que ça reste des vacances !

Nathalie, 44 ans

Par Vanessa Krstic


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